top of page

Éditions Alias, Alias poche, 2019

Mot

2019

Aux commandes d’un roman brûlant, Julie Hétu mélange le Liban, « terre d’origine des cultes tauromachiques », l’Espagne et la corrida au destin tragique d’une famille démembrée par l’histoire.

Obligée de fuir le Liban en 1966 en raison des activités politiques de son père, Cybèle se réfugie avec sa mère en Syrie avant de devoir se sauver plus loin encore. Avec quelques valises et trois mystérieux grains d’or, un trésor de famille, elles iront rejoindre une tante installée dans une petite ville de Majorque, la plus grosse des îles Baléares au large des côtes espagnoles.

Après des études en arts à Barcelone, le retour de sa mère au Liban, une rencontre amoureuse et la naissance de deux enfants, Cybèle sera rattrapée par certains drames violents qui semblent prendre leur source dans ce Liban qu’elle a fui il y a longtemps. Comme sa mère avant elle, elle décidera d’y retourner sur un coup de tête pour éclaircir certains détails, avant d’être avalée elle aussi par le trou noir du passé.

Durant son absence, sa fille, Elmihra, deviendra torera, malgré l’opposition de son père. À onze ans déjà, devenue une vraie star dans son village, la gamine affronte les taureaux dans l’arène avec un des trois grains d’or sous la langue. Tandis que son jeune frère, Mot, observe en silence, calme maître d’oeuvre de la violence la plus absurde.

Consciente de célébrer à sa façon une activité plutôt controversée, la tauromachie, l’auteure intègre au roman sa propre justification : « Tu te crois progressiste, papa, mais tu ne fais que nier l’idée même de la mort, comme tous ces Nord-Américains que tu aimes tant fréquenter. Tu nies que la mort nous unit tous, qu’elle est un élément civilisateur et que c’est sans doute plus sain de la percevoir ainsi. »

Le rythme de Mot, lequel est servi par une écriture plutôt forte et maîtrisée, s’accélère dans le dernier tiers, où l’entrelacs de destins vient par ailleurs donner une densité plutôt chargée au roman — au risque d’en bouleverser l’équilibre et de confondre un peu le lecteur. Et comme ce Liban mythifié, « terre pleine de mystères et de questions sans réponse qui allait garder ses secrets », le roman conserve aussi pour lui certaines de ses motivations.

Dans un monde où la violence se transmet de père en fils, le poids de la tragédie pèse de tous ses siècles. Même si les femmes y sont fortes et déterminées, et qu’elles tentent à leur manière de rompre la malédiction, ce sont encore et toujours les hommes qui ont le dernier mot. »

Christian Desmeules
« Des taureaux et des hommes », Le Devoir, 18 et 19 octobre 2014


Cybèle et ses enfants Elmihra et Mot nous entraînent à tour de rôle dans le tourbillon d’une vie où plane la mort, annoncée par trois grains d’or dont Cybèle a hérité. En Espagne, où Cybèle a trouvé refuge en fuyant la guerre du Liban, Elmihra rêve de devenir matador.



«Ce livre, d’une tendre violence, nous fait penser aux anciennes tragédies grecques, à L’Or du Rhin de Wagner ou encore à Cervantès. Un roman comme on les aime.»

-Katharina von Bülow

«Ambitieux projet que celui de Julie Hétu de recourir aux grands personnages mythologiques - Médée, Œdipe, entre autres - pour raconter cette histoire d'amour fou et de vie complexe, de folie et de fatalité. Pas simple de mêler le quotidien des uns, aussi tragique soit-il, aux grandes questions existentielles des autres. L'écriture s'entortille parfois, mais le roman reste hautement méritoire. Ce n'est pas tous les jours dans la littérature québécoise que l'on peut plonger dans l'imaginaire tout en réfléchissant au sens du jeu de la mort que se livre matador et taureau dans l'arène. Dans ce roman la métaphore est belle, l'action soutenue et la page couverture magnifique!»

-Mario Cloutier, La Presse

bottom of page